Eglise Saint- Oüen (XV° – XVI° – XIX°)
Sous l’impulsion des Seigneurs de Laval, propriétaires du château de Montmuran, est entreprise au XV° siècle la construction de l’église paroissiale des Iffs. Elle se poursuit au XVI° siècle en particulier avec la famille des Coligny et grâce également à la générosité des habitants des Iffs qui jouissent d’une relative prospérité due à la culture de lin et du chanvre et à la production de toiles réputées et commercialisées jusqu’en Russie. Avec une nef ouvrant sur quatre chapelles latérales, l’église a la forme d’une croix de Lorraine. Son aspect extérieur est représentatif du style gothique flamboyant breton : arcades et fenêtres en arc brisé, contreforts à ressauts surmontés de pinacles sculptés, choux frisés et autres motifs décoratifs taillés dans le granit. La façade sud est percée de deux fenêtres à trois meneaux dont l’une s’ouvre sur la chapelle du croisillon et la chapelle hexagonale proche du chevet. A l’origine, le clocher comme ceux des environs était constitué d’une charpente en bois couverte d’ardoises. Entre 1875 et 1881, l’architecte Arthur Regnault a reconstruit toute la partie supérieure du clocher en l’harmonisant avec l’ensemble de l’église par l’adoption du style dit cornouaillais. Il en résulte un clocher néo-gothique, tout en pierre, ajouré et décoré d’ornements sculptés abritant depuis 1958 quatre cloches. Il ne faut pas oublier la cloche « Marguerite » de 1596 offerte à la paroisse par Marguerite d’Ailly, veuve de François de Coligny, lui-même fils de l’Amiral et cette cloche se fait toujours entendre aujourd’hui. L’intérieur de l’église Saint Oüen est remarquable par la beauté de ses vitraux du XVI° siècle. Au chevet, la grande verrière illustre la Passion du Christ. Dans les chapelles latérales, il faut admirer le jugement de Saint Yves, la chaste Suzanne, l’Annonciation et l’Adoration des Mages, la Nativité et l’Assomption, la Transfiguration sans oublier la décollation de Saint Jean Baptiste. Ces vitraux réalisés vers 1550 par l’atelier de Michel Bayonne originaire de Rennes sur des cartons d’inspiration flamande, restent de rares témoins de l’aboutissement de l’art des verriers rennais. A l’entrée de l’église, un remarquable bénitier octogonal portant la date de 1458 est orné de plusieurs sculptures dont une ermine et une fleur de lis qui rappelle que l’église des Iffs appartient à un fief placé sous la suzeraineté du Duché de Bretagne et de la Couronne de France. L’église est toujours entourée de son cimetière encore en service. A l’intérieur de l’enclos sacré ombragé d’ifs sombres, cet espace de paix reste l’un des très rares que l’on peut encore rencontrer dans la région.
L’église Saint Oüen des Iffs témoigne de ce joyau d’architecture si finement ciselé à l’extérieur et remarquable à l’intérieur par la simplicité de son décor, l’harmonie de ses lignes et la splendeur de ses verrières, pénètre l’âme d’un charme particulier de recueillement et piété. Tout un ensemble qui fait de cette église d’Ille et Vilaine une émule des plus jolis sanctuaires de Basse Bretagne.
Château de MONTMURAN
Depuis le Moyen-âge, la vie de la paroisse des Iffs est étroitement liée à celle des seigneurs du château de Montmuran. En 1032, le Duc de Bretagne, Alain III, crée pour sa sœur Adèle, l’abbaye de Saint George à Rennes. A cette abbaye, il ajoute la seigneurie de Tinténiac avec droit de haute justice. Ce fief est confié par l’abbesse au Chevalier Donoual, qui pris le nom de Sire de Tinténiac et à charge pour lui de construire un château-fort pour défendre ses terres. Ce premier château construit en bois, fut pris en 1156 par le Duc Conan IV à la tête d’une troupe anglaise et détruit en 1168 par Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre. Ce dernier le remplace par une véritable forteresse qui est agrandie et renforcée au XIV siècle. Au XII siècle est citée pour la première fois la paroisse des Iffs, dépendant de l’abbaye de Saint Melaine à Rennes. L’histoire de Montmuran et des Iffs se rattache à des noms illustres de l’histoire de France. En 1354, la Dame de Tinténiac reçoit en son château de Montmuran, le maréchal d’Autrehem, lieutenant du roi de France Charles V. Le maréchal est accompagné par un jeune chef de bande : Bertrand du Guesclin. Les Anglais qui occupent Bécherel profitent de l’occasion pour s’emparer de Montmuran par surprise. Mais du Guesclin leurs tend une embuscade dans un chemin creux voisin appelé encore aujourd’hui « le chemin sanglant »et les fait tous prisonniers à commencer par leur chef, le Duc de Calvérley. Après ce fait d’armes, Bertrand du Guesclin est armé Chevalier le Jeudi Saint 1354 par Elastre du Marais, Sire de Saint Pern, dans la chapelle du château de Montmuran. En 1373, Bertrand du Guesclin revient à Montmuran pour reprendre le château aux Anglais dont ils s’étaient rendus maîtres. La même année, après le décès de Tiphaine de Raguenel, il épouse dans la même chapelle Jeanne, la fille unique de Jean de Laval, seigneur de Châtillon. Près de deux siècles plus tars, Gaspard de Coligny, Grand Amiral de France, épouse en 1547 Charlotte, unique héritière des Laval-Montmorancy. L’Amiral est assassiné en 1572 dans la nuit de la Saint Barthélémy.
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LA BOULAYE
Ancienne maison de tisserand (XVI – XVII siècles) construite en pierre calcaire du Quiou et tuile, classée Monument Historique.
Le nom de La Boulay (ou La Boulaie) vient des bouleaux qui s’accommodaient de ce terrain humide. La maison du XVI siècle a conservé les tuiles plates de l’époque. Le toit est surmonté d’un épis siffleur en céramique creuse, percée de quatre trous dont le bec de forme différente est dirigé vers l’un des quatre coins cardinaux. Le son, changeant selon la direction du vent renseigne sur celle-ci. Maison de tisserands et négociants en toile, elle comportait une pièce enfoncée en terre qui convenait aux métiers à tisser, l’humidité évitant aux fils de se casser ; une porte au nord donnait accès à un petit étang destiné au rouissage du chanvre et du lin. La corniche de la façade sud, à modillons sculptés, est en pierre calcaire du Quiou, comme les deux lucarnes ajoutées au XVII siècle, et dont l’une porte le décor rayonnant de l’époque. Les fenêtres sont protégées par des grilles, dont l’une est ornée de fleurs de lis.
La Fontaine Saint Fiacre
La fontaine Saint Fiacre entièrement en pierre taillée, surmontée d’une croix de granit passe pour être la seule fontaine close du département. Dès le XII° siècle, l’eau de cette source conduite par une canalisation en poterie alimentait la fontaine du château de Montmuran. La légende raconte que Saint Fiacre, patron des jardiniers, ayant soif alors qu’il passait par là, a frappé le sol de son bâton, faisant jaillir une source qui ne tarit pratiquement jamais. Cette eau miraculeuse, invoquée en procession pour faire venir la pluie en période de sécheresse, était aussi dotée de multiples vertus : maux de ventre, grossesse, allaitement, entre autres cas, étaient l’occasion de venir la goûter. Mais depuis les années 1980, la pollution ne l’a pas épargnée et son eau est officiellement non-potable !